....6 mois de voyage à moto en Amérique du Sud....
Transport
Joli défi logistique que le transport de nos motos de Suisse jusqu’en Amérique du Sud. Nous aurions pu sans trop de problèmes louer des motos sur place. Mais après une mauvaise expérience en 2012 en Namibie (4x4 de location avec pneus chinois- 13 crevaisons en 24 jours), nous préférons partir avec nos propres motos. De plus, pour une période aussi longue, la location n’est pas la solution la plus économique.
Après quelques recherches, 2 constats s’imposent : le transport maritime est plus économique que le transport aérien et le pays le plus sûr (le moins corrompu du moins) est le Chili.
Nous sommes ensuite entrés en contact avec Enzo et Martina, de Villa Kunterbunt, qui assistent les voyageurs pour le transport de leur véhicule entre Hambourg et Valparaiso. Ils sont en relation avec l’entreprise Sea Fair Group Hamburg, spécialiste du transport maritime à destination du Chili.
Pour l’envoi par cargo, il est nécessaire que nos motos soient conditionnées en caisse et sur palette. Avec, au choix :
- Une caisse en métal (récupérée chez un concessionnaire). L’entreprise Galliker, qui gère les livraisons de BMW en Suisse, n’a pas souhaité nous vendre/louer/prêter/donner deux de leurs caisses. Nous nous sommes tournés vers d’autres marques, mais sans parvenir à trouver une caisse aux dimensions adéquates.
- Une caisse en carton, sur mesure, proposée par l’entreprise Sofrapack (France). Utilisation de carton triple épaisseur (très résistant) mais nécessité de filmer la caisse pour la protéger des intempéries et de l’humidité.
- Une caisse en bois. Dans ce cas de figure, le bois (intérieur-extérieur-renforts-plots) doit obligatoirement être traité selon la norme NIMP15. Il est également possible d’utiliser de l’OSB.
Nous avons choisi la caisse en bois et la caisserie Dutoit, basée à Chavornay, pour sa réalisation. Merci à M. Dutoit ainsi qu’à son équipe pour leur écoute, leurs précieux conseils et leur rapidité d’exécution.
Autre point important, le volume !! Chaque cm3 supplémentaire allège le porte-monnaie. Nous avons donc choisi de mettre nos 2 motos dans une seule caisse, tête-bêche, avec nos valises latérales entre les deux. Pour gagner du volume, nous avons démonté les guidons et retiré les roues avant.
Plus d'infos dans les carnets de route :
Au final, la caisse mesure :
2.09 x 1.70 x 1.05 m (dimensions intérieures)
2.126 x 1.736 x 1.247 m (dimensions extérieures)
Soit un volume de 4.6 m3 et un poids total d’environ 750 kg.
Toutes les parois seront vissées afin de pouvoir la démonter, la stocker et la réutiliser pour le voyage du retour.
Le prix d’un transport routier entre notre domicile et le port d’Hambourg étant prohibitif, nous avons choisi de travailler avec un transporteur allemand, pour réduire la facture (pas de passage de frontière facturée par le transporteur). Il s’agit d’Evola, basée à Weil am Rhein, à quelques mètres à peine de Bâle, mais de l’autre côté du Rhin.
Nous avons ensuite loué une remorque pour transporter la caisse démontée et nous avons utilisé notre remorque pour le transport de nos motos. Une fois en Allemagne, nous avons construit notre caisse sur le parking pour finalement la remettre au transitaire. Ce dernier s’est chargé du transport jusqu’au port d’Hambourg. Le formulaire A08 doit être fourni par le transitaire maritime pour que le transitaire routier ait accès aux entrepôts du port d'Hambourg.
Et petite précision pour les curieux perplexes…. Oui, nous avons envisagé de transporter la caisse prête de notre domicile jusqu’à Weil am Rhein. Cependant, il était trop complexe de trouver une remorque à la taille adéquate, une voiture suffisamment puissante pour tracter le tout et enfin un moyen de charger près de 750 kg sur la remorque.
D'autres prestataires permettent l'envoi de motos en Amérique du Sud (ou ailleurs !) :
In-Time n'accepte que les petites caisses. Permet l'envoi des motos directement dans un container, mais attention aux dimensions !
CMA-CGM (lu sur de nombeux blogs mais pas obtenu d'informations concrètes)
Wave Vehicle Shipping (trouvé par hasard sur le net)
Le transitaire routier (Evola) a besoin des dimensions et du poids de notre caisse. Les batteries doivent être débranchées et les motos ne doivent contenir ni essence ni huile (ou du moins le strict minimum pour rejoindre une station-service à l’arrivée). Nous n'avons pas vidé l'huile et laissé un fond d'essence dans le réservoir).
Il est également nécessaire que l’entrepôt d’arrivée (à Hambourg) possède un chariot élévateur pour le déchargement de la caisse.
Le transitaire maritime (Sea Fair Group) demande lui aussi les dimensions, le poids et le matériau de la caisse. Il exige également que les batteries soient débranchées, pas d’huile ni d’essence. De plus, la caisse ne doit pas contenir de gaz ni de produits inflammables ou sous pression (par exemple déodorant ou graisse pour chaîne). La caisse doit pouvoir être ouverte par les douanes pour un contrôle. Installer une trappe cadenassée, donner les clés au transitaire et fermer la caisse avec des vis (pas d’agrafes ou de clous sans quoi le couvercle sera arraché). Il est également nécessaire d’y apposer une étiquette indiquant : Expéditeur, Destinataire et numéro de B/L.
Concernant les documents, il faut fournir des copies des passeports, cartes grises des véhicules et permis de conduire international. Il faut également créer une liste de colisage (liste détaillant le contenu et la valeur de la caisse) en anglais, en espagnol et en allemand.
Lorsque le transitaire maritime reçoit la caisse, il crée un Bill of Lading (abrégé B/L). En français, il se traduit par connaissement maritime. Il s’agit d’un document de transport émis par le transporteur maritime entre un expéditeur et un destinataire. Ce document valide le fait que des marchandises ont été reçues et confiées au transporteur et que celui-ci assurera la sécurité des marchandises jusqu’au port de destination prédéfini.
Sur ce document, on retrouve :
- Le numéro de connaissement maritime
- L’expéditeur
- Le destinataire
- Le nom du navire
- Les ports d’embarquement et de débarquement
- Le poids et le volume de notre caisse.
Dans la partie dédiée à la description des biens (rectangle bleu), on retrouve l’identification de nos motos avec modèle et numéro de châssis ainsi que plusieurs codes barbares :
- LCL/LCL : less than container load (moins qu’un container plein). Le double sigle LCL signifie que plusieurs fournisseurs possèdent du matériel dans le container à destination de différents destinataires
- 20’DC Container : container étanche (dry) de 20 pieds (environ 6 mètres)
- ECMU : code permettant le tracking (suivi) du container
- SEAL : numéro du scellé apposé sur le container
Nous recevons ensuite la facture avec également ses noms barbares, à savoir :
Assurance
Manutention
Taxes de quai
Dédouanement
Frais de connaissement maritime (Bill of lading)
Fret maritime
Nous avons déposés nos motos auprès de notre transitaire routier le 8 juin à Weil am Rhein. Apportées à Hambourg avant le 20 juin, elles ont pris la mer le 25. Après des escales en Angleterre, en Belgique, en République Dominicaine, en Colombie, au Panama et enfin au Pérou, le porte-container a atteint Valparaiso le 23 juillet. Nous les avons récupérées le 27 juillet (voir carnet de route - Bienvenido a Chile). Avec l'aide de Martina et Enzo (Villa Kunterbunt), nous les avons récupérées en moins de 5h pour un prix de 320 euros.
Nous utiliserons le même système pour le voyage de retour. Motos en cours de transport Chili -> Allemagne : infos à suivre